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De Lille à Liège

Max Sebald a un jour déclaré que si les horloges de Lille et de Liège donnaient la même heure, celle-ci différait des autres villes de Belgique au xixe siècle. Seule la connexion par le train entre les villes francophones et flamandes a entrainé la synchronisation des heures. Dans les années 1990, j’étais professeur invité à l’Université de Lille-III. Lorsque je me rendais là-bas pour enseigner, je prenais le train depuis la gare de Newcastle jusqu’à Londres-Waterloo, où je changeais pour le nouveau service Eurostar. Ce n’est qu’en mai 1995 que l’Eurostar a commencé ses services quotidiens. De ce fait, apercevoir le mot « Lille » inscrit sur les tableaux de départ au fin fond du nord-est de l’Angleterre restait une nouveauté exaltante. Durant une courte période au cours des années 1990, le train arrivant de Newcastle s’arrêtait à Londres sur un vaste terrain croisé de voies ferrées. Le conducteur de train descendait alors et déambulait lentement tout le long du train, avant de rebrousser chemin pour parcourir les quelques kilomètres qu’il restait avant la gare de Waterloo International.

Mon séjour à Lille au cours de chaque période d’enseignement étant toujours extrêmement chargé, mon exploration de la ville est restée limitée. J’ai fini par découvrir l’Allée de Liège et son centre commercial vitré, Euralille situé au sud-est. Lorsque j’arrivais par l’Eurostar tard dans l’après-midi, passer par le centre commercial s’avérait plus rapide qu’emprunter l’Allée, sans oublier le petit café situé juste avant la sortie. Lors de mes derniers séjours, j’ai commencé à descendre à l’Hôtel Lille Europe, qui faisait partie intégrante de cet immense centre commercial vitré. Les voyages d’affaires génèrent toujours des économies de mouvements.

Lors du petit-déjeuner, les hautes fenêtres du premier étage offraient un panorama de la ville. La vitre teintée projetait un nuage gris-bleu sur les navetteurs qui se pressaient pour rejoindre leur travail. Au nord-ouest, de l’autre côté de la route à deux voies, je pouvais apercevoir le parc Henri Matisse en cours d’aménagement. Une compétition permanente entre les nouveaux pavements et les chemins du désir que dessinaient les pieds des travailleurs en retard. À ce moment-là, je ne réalisais pas que la Wallonie se trouvait à l’est de l’Allée de Liège et qu’un chemin du désir commençait à 200 mètres à peine de l’endroit où je dégustais mon petit-déjeuner.

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